Le salon ITECHMER s’attache à proposer un programme qui traite des grands enjeux de la pêche française et européenne. Chaque édition donne lieu à l’organisation d’une table ronde de dimension européenne. Après le Brexit lors des trois éditions précédentes, une table ronde intitulée « Planification maritime : quel accès à la ressource demain ? » réunira des acteurs de la pêche européenne vendredi 13 octobre, de 10h30 à 12h30. Rencontre avec Ivan Lopez, président de l’EFBA, alliance européenne pour la pêche de fond
Ivan Lopez : « La pression croissante exercée par les nouvelles activités océaniques sur l’exploitation de la mer a conduit à un processus de zonage de la mer, notamment en ce qui concerne les zones de développement de ces activités, mais aussi les zones à protéger. Pour beaucoup, le découpage en zones a laissé la pêche en dehors du processus, avec l’idée que l’on pourra toujours pêcher n’importe où. Mais certaines zones ne devraient pas être fermées à la pêche, notamment parmi celles qui sont traditionnellement exploitées. L’avenir de notre secteur sera déterminé en grande partie par le débat autour de ce processus et par la question de savoir si la seule activité qui a toujours été en mer aura (ou plutôt conservera) la capacité à se développer.
La plus grande menace est celle d’être expulsé de nos zones de pêche historiques sans garantie de nouvelles possibilités, mais aussi celle de ne pas trouver un mode de gestion politiquement accepté qui permette à l’activité de perdurer. Le secteur a de plus en plus le sentiment d’être sacrifié pour la tranquillité d’esprit de l’état des océans. Nous savons que c’est une erreur qui se paiera cher à l’avenir, avec une alimentation moins saine et moins durable et des océans dont la santé ne s’est pas vraiment améliorée parce que le diagnostic était erroné.
Les solutions viendront avant tout d’un changement de notre approche de la pêche, dans une perspective plus intégrée, en examinant les besoins alimentaires convenus de nos sociétés et la manière dont nous voulons les satisfaire. De même, nous devons cesser d’essayer de trouver des solutions à la question de la santé des océans par le seul biais de la pêche et mener un débat sincère sur les questions suivantes : quelles sont les activités réellement nécessaires en mer, quelles sont les nouvelles activités vraiment nécessaires et réellement bénéfiques pour la société, et quelles sont celles qui risquent de créer des problèmes futurs plutôt que des solutions permanentes ? Et surtout, comment le secteur va-t-il faire face à la nécessité de communiquer sur ses activités et sur les attentes de la société à leur égard ? »